Transmission
Actualité

Nomination de Philippe Langlois à la direction de la Pédagogie et de l’Action culturelle de l’Ircam

Docteur en musicologie avec une thèse publiée aux éditions MF sous le titre Les cloches d’Atlantis. Musique électroacoustique et cinéma / Archéologie et histoire d’un art sonore, chercheur à l'IReMus, université Paris-Sorbonne, enseignant et compositeur pour l’image, Philippe Langlois est connu pour ses travaux à la croisée du son et de la technologie, de la musique et du cinéma, de la radio et des arts sonores.
En juillet 2017, il est nommé directeur de la Pédagogie et de l’Action culturelle de l’Ircam.


Philippe Langlois, votre parcours est pluridisciplinaire ; pouvez-vous nous en dire plus ?

En parallèle d’une thèse en musicologie du xxe siècle codirigée par Jean-Yves Bosseur et Marc Battier, j’ai assuré la coordination de l’Atelier de création radiophonique de France Culture de 2001 à 2011 puis créé avec l’Ircam le master de Design sonore à l’École des beaux-arts du Mans en 2010 où j’ai enseigné l’histoire et la théorie du sonore. À cette occasion, j’ai été amené à travailler avec les équipes de recherche Perception et design sonores et de pédagogie de l’Ircam et j’avais eu le plaisir auparavant de signer quelques-uns des films de la série « Images d’une œuvre ».

Je suis ravi de rejoindre aujourd’hui l’équipe de l’Ircam et de travailler à l’une des missions premières de l’institut : la transmission et la construction des savoirs aux côtés d’une équipe dynamique et très réactive, en pointe avec les innovations technologiques au service de la composition musicale.


Quels sont vos projets à l’Ircam ?

Mon action vise à poursuivre et développer le travail initié par mes prédécesseurs (Cyril Béros, Andrew Gerzso), tout en intégrant désormais le Centre de Ressources Ircam (CRI) au sein de la Pédagogie et en imaginant des articulations nouvelles entre ces deux départements. De par notre mission commune de transmission des savoirs, des liens plus évidents peuvent être pensés quant à la manière de mettre en relation la pédagogie avec les ressources documentaires de l’institut, notamment lors des présentations de compositeurs devant les étudiants du Cursus et du master Atiam où il serait possible de rassembler en amont les documents et ressources que nous possédons – partitions, livres, articles.

Ma nomination répond aussi à la volonté d’étendre les actions pédagogiques de l’institut aux « métiers et aux arts technologiques voisins » où je souhaite développer nos activités au-delà de la sphère de la musique pure ; c’est-à-dire vers le contexte de l’image, de la radiophonie, ainsi qu’en direction de la poésie sonore, où le son a tant à voir avec le sens, où la technologie peut intervenir comme un véritable relais sémantique et expressif. De la même manière, il s’agit aussi d’étendre notre offre d’enseignement vers l’installation sonore, les arts plastiques sonores et le design en nous rapprochant du réseau des écoles d’art sur le territoire national et à l’étranger.

Au département de la Pédagogie et de l’Action culturelle, il nous revient de réfléchir à la manière de mieux transmettre cette connaissance ainsi que les savoirs qui émanent de l’institut à travers les actions que nous menons, celles que nous allons développer, et celles que nous allons inventer.


Pouvez-vous nous donner vos enjeux prioritaires pour 2018 ?

Parmi les nombreux chantiers qui s’ouvrent devant nous, voici quelques exemples très concrets.

L’accès à la culture de la musique contemporaine dans les lieux où celle-ci est quasiment inexistante est le cœur de notre mission de transmission. Nous intervenons déjà au niveau des collèges, mais aussi dans les lycées professionnels, les lycées agricoles, les écoles hôtelières via le dispositif des Ateliers de la création en partenariat avec le Centre Pompidou. Pour 2018, nous étudions, la possibilité de déléguer notre labellisation en région vers des centres partenaires historiques comme le Grame, à Lyon, ainsi que le réseau des autres CNCM de manière à étendre le dispositif sur le territoire national. En plus d’une restitution nationale prévue chaque année à Paris lors de la Nuit des musées, nous souhaitons voir naître d’autres restitutions à l’échelle locale de manière à donner une plus grande visibilité à l’opération tout en valorisant davantage le travail des élèves.

En 2018, nous allons aussi devoir nous adapter aux changements liés la réforme de la formation professionnelle à laquelle travaille actuellement le gouvernement. Les organismes de formation « seront obligés de se soumettre à une labellisation et d'afficher leurs performances ». Dans ce contexte, la demande de certification déposée auprès du CNCP pour notre formation Max (niveau 1) qui nous a été accordée, ainsi que celle au niveau 2 actuellement lancée devrait nous garantir un degré d’expertise et de compétence suffisant en tant qu’organisme de formation professionnelle.

Avec toute l’équipe de la Pédagogie et le compositeur associé au Cursus, Thierry De Mey, nous souhaitons engager une réflexion quant à la manière de réorganiser notre enseignement pour les compositeurs du cursus. Faut-il persévérer dans l’idée d’un tronc commun uniquement technologique ou offrir un système plus modulaire qui pourrait inclure des composantes théorique, esthétique et musicologique tout en nous tournant vers les arts voisins (cinéma, danse, arts plastique, poésie sonore) ? Autour de cette idée, pour une ou deux pièces de fin de cursus nous nous sommes rapprochés du département danse du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris afin de permettre aux compositeurs de travailler avec des danseurs.

Enfin, un autre enjeu important se dessine également à travers les questions du e-learning et de l’enseignement à distance actuellement développés à l’Ircam par Mikhail Malt où, à la différence des Mooc traditionnels, il développe l’idée d’un iMOOC, c’est-à-dire un Mooc interactif. Son dispositif permet en effet un véritable échange entre le professeur et sa classe. L’offre que nous souhaitons développer serait à géométrie variable pouvant comprendre une présentation générale des technologies développées à l’Ircam que ce soit sous la forme d’un cours magistral, ou de véritables sessions de 8 fois 2 heures sur les logiciels phares conçus à l’Ircam : Open Music, Modalys, Audiosculpt, ou encore pour un public plus large, une visite virtuelle de l’Ircam comprenant des rencontres avec les différents métiers de l’institut.

  • Philippe Langlois  © Deborah Lopatin
    Philippe Langlois © Deborah Lopatin