Depuis sa création en 1977, l’Ircam a pour mission fondamentale de susciter une interaction féconde entre recherche scientifique, développement technologique et création musicale contemporaine. Cette articulation constitue le principal axe structurant de l’ensemble de ses activités. L’un des enjeux majeurs est de contribuer, par les apports des sciences et techniques, au renouvellement de l’expression musicale.…
L'Ircam est un centre de recherche internationalement reconnu dont l'activité est consacrée à la création de nouvelles technologies pour la musique et le son. L'institut offre un environnement expérimental unique permettant aux artistes d'enrichir leur expérience sonore via les concepts développés et exprimés grâce aux nouvelles technologies.
Au service des missions de recherche et de création de l’Ircam, la transmission cherche à éclairer le sens actuel et en devenir des interactions entre arts, sciences et technologie, mais aussi à partager ses modèles de connaissance, ses savoir-faire et ses innovations vers un public le plus large possible.
Au cœur d’enjeux sociétaux et économiques croisant culture et technologies de l’information, les recherches accueillies à l’Ircam se présentent dans le paysage international de la recherche comme pôle de référence interdisciplinaire autour des sciences et technologies du son et de la musique et s’exposent en permanence aux nouveaux be…
Depuis sa création en 1977, l’Ircam a pour mission fondamentale de susciter une interaction féconde entre recherche scientifique, développement technologique et création musicale contemporaine. Cette articulation constitue le principal axe structurant de l’ensemble de ses activités. L’un des enjeux majeurs est de contribuer, par les apports des sciences et techniques, au renouvellement de l’expression musicale.…
L'Ircam est un centre de recherche internationalement reconnu dont l'activité est consacrée à la création de nouvelles technologies pour la musique et le son. L'institut offre un environnement expérimental unique permettant aux artistes d'enrichir leur expérience sonore via les concepts développés et exprimés grâce aux nouvelles technologies.
Au service des missions de recherche et de création de l’Ircam, la transmission cherche à éclairer le sens actuel et en devenir des interactions entre arts, sciences et technologie, mais aussi à partager ses modèles de connaissance, ses savoir-faire et ses innovations vers un public le plus large possible.
Au cœur d’enjeux sociétaux et économiques croisant culture et technologies de l’information, les recherches accueillies à l’Ircam se présentent dans le paysage international de la recherche comme pôle de référence interdisciplinaire autour des sciences et technologies du son et de la musique et s’exposent en permanence aux nouveaux be…
C’est une grande première qui attend Philippe Leroux cette saison : son premier opéra, commande d’Angers-Nantes Opéra à laquelle s’associe l’Ircam. Un ouvrage que le compositeur couve depuis près de quarante ans, sans jamais avoir eu l’occasion de le concrétiser, faute de trouver le texte adapté. Ce texte, ce sera donc L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, dont Raphaèle Fleury a tiré le livret, pour une mise en scène de Célie Pauthe.
De gauche à droite, le compositeur Philippe Leroux © Pierre Raimbault et la metteuse en scène, directrice du CDN Besançon Franche-Comté, Célie Pauthe © Ishak Ali A
S’agissant de la composition, deux sujets ont principalement occupé le compositeur. D’une part, la génération des mouvements mélodiques et harmoniques, qui composent la trame musicale de l’opéra, à partir du graphisme de l’écriture de Claudel : « En analysant les données gestuelles (forme des lettres, épaisseur des traits…) et en transposant ces données dans le domaine musical, j’ai généré la plupart des mouvements mélodiques et harmoniques qui composent la trame musicale de l’opéra », dit Philippe Leroux.
Phrase extraite du manuscrit La jeune fille Violaine (première version de L'Annonce faite à Marie) de Paul Claudel, à partir de laquelle ont été calculées les échelles de hauteurs de l'opéra
Ce travail fait écho à celui effectué dans le cadre d’un précédent projet, Quid Sit Musicus, sorte de dialogue musical entre le compositeur et l’un de ses aînés : Guillaume de Machaut. Grâce à du papier augmenté, Philippe Leroux extrayait de manuscrits de Machaut de nombreux paramètres correspondant aux données gestuelles de la calligraphie (position du graphisme dans l’espace de la feuille, disposition dans l’espace des portées, vitesse et pression du crayon, durée nécessaire pour tracer les traits, épaisseur, périmètre et surface des formes…) pour déterminer des gestes mélodiques et des échelles de hauteurs, des traitements du son, de la synthèse, de la spatialisation, ou encore pour générer, concernant les données symboliques (hauteurs, durées, etc.), des processus de distorsion, de modulation, de transposition ou de simulations d’effets acoustiques.
D’autre part, avec l’aide de Christophe Veaux et Carlo Laurenzi, Philippe Leroux s’est attaché à recréer la voix de Paul Claudel lui-même :
« Mon idée est de mettre en scène musicalement Claudel, en le faisant parfois intervenir dans son opéra, comme s’il rêvait, était en train d’écrire son texte, en se le récitant à lui-même, ou comme s’il nous guidait dans notre écoute en soulignant telle ou telle expression. Il va de soi que je ne fais dire à Claudel que des fragments de son texte. J’ai voulu, en fait, accentuer l’aspect profondément autobiographique et humain de ce drame, dans lequel Claudel montre crûment les diverses passions et rivalités amoureuses des deux sœurs, ainsi que les réactions de leur mère et parfois la lâcheté des hommes qui les aiment. On trouve chez ces personnages de nombreuses connexions avec la famille Claudel y compris avec Camille. »
Voix originale de Paul Claudel
Voix de Paul Claudel, synthétisée
Pour recréer la voix du dramaturge, Philippe Leroux, Christophe Veaux et Carlo Laurenzi ont recours à un synthétiseur neuronal : « Celui-ci est composé de deux réseaux de neurones, explique le compositeur. Le premier prédit un spectrogramme à partir des mots du livret, et un second réseau (appelé vocodeur neuronal) convertit le spectrogramme en échantillons audio. Le premier réseau (qui travaille à partir des graphèmes [lettres]) est donc responsable de l’intelligibilité et de la prosodie, alors que le second est garant de la qualité acoustique. Comme nous avons peu d’enregistrements de la voix de Claudel et que ceux-ci sont de mauvaise qualité, nous avons dû faire de nombreux essais et utiliser différents types de vocodeurs neuronaux. Dans le tout début de l’opéra, on entend d’abord de vrais enregistrements de la voix de Claudel puis, peu à peu, la voix synthétisée prend le dessus. »
Données extraites des mots
D’une certaine manière, L’Annonce faite à Marie vient prolonger les recherches au long cours de Philippe Leroux sur la voix. Ainsi, une très grande partie des fichiers-son utilisés dans l’œuvre sont issus de transformations de voix : « voix de Claudel transformée par synthèse concaténative, différents filtrages et toutes sortes d’effets, mais aussi de certains chanteurs préenregistrés. J’ai également introduit des moments musicaux élaborés à partir de chants grégoriens (mentionnés par Claudel dans les didascalies), qui sont filtrés comme s’ils venaient de loin dans le temps. »
« Les éléments musicaux naissent ainsi de la voix et de la calligraphie de l’auteur », conclut Philippe Leroux
Mot (moi), extrait de la première phrase
Exemple de fabrication d'une échelle à partir du graphisme du mot "moi" et utilisation du graphisme du mot pour calculer dans Open Music des profils de hauteurs
1997 - M pour deux pianos, deux percussions et électronique, 15 mn
2002 - Voi(Rex) pour voix, six instruments et dispositif électronique, 23 mn
2005-2006 - Apocalypsis pour voix, seize instruments et électronique, 25 mn
2014 - Quid sit musicus ? pour sept voix, deux instruments et électronique, 18 mn