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Rémi Fox & Jérôme Nika 4/4 : In Order of Appearence

Le blog des résidences artistiques

Ouvrant l’album du duo « C’est pour ça », qui sortira dans les prochains mois, le morceau In order of appearance offre un nouvel aperçu des possibilités des agents Dicy2 dans le cadre des improvisations du saxophoniste Rémi Fox et du musicien et chercheur Jérôme Nika.

La vidéo est l’œuvre de Vir Andres Hera, qui dialogue avec la bande-son qui n’est autre que le morceau In Order of Appearance du duo « C’est pour ça » constitué par Rémi Fox et Jérôme Nika.

« De nombreux agents Dicy2 sont à l’œuvre ici, dit Jérôme Nika, mais certaines “voix” s’entendent davantage. »
Ainsi, la première minute offre un exemple emblématique de fonctionnement de Dicy2 en écoute « active » du musicien partenaire. En l’occurrence, plusieurs agents Dicy2 écoutent en temps réel le jeu de saxophone de Rémi Fox, et s’en servent pour stimuler une mémoire qui est d’ailleurs constituée d’enregistrements du même Rémi, improvisant au saxophone. Ce qui revient donc pour Rémi à improviser avec un partenaire qui serait sensiblement un autre lui-même.

Voici deux échantillons de ces improvisations utilisés par les agents Dicy2 :

SoloAlto_Bass


Sax basse Bass_FX

« Au cours de cette première minute de In Order of Appearance, les agents Dicy2 se focalisent sur les hauteurs de notes émises par Rémi, dit Jérôme Nika. Tantôt je les autorise à “digresser” (en particulier au début), tantôt au contraire je les fais “coller” localement au jeu de Rémi, par exemple, aux alentours de 30’’ et de 1’. »

Aux alentours de 1’15’’, Jérôme Nika fait basculer le système dans un nouveau mode de fonctionnement, qu’il appelle le « meta-DJing » : c’est-à-dire qu’il lui envoie manuellement des requêtes explicites (par exemple « sers-toi de telle évolution de tel descripteur audio comme guide ») : puisant dans les mêmes sons en mémoire que précédemment (donc principalement des improvisations de Rémi), Dicy2 fait de son mieux pour tisser un patchwork sonore qui respecte ces scénarios temporels à court terme.

Enfin, pendant les trois dernières minutes, icy2 revient à une écoute en temps réel du jeu de saxophone de Rémi Fox, qui stimule une mémoire composée de buzz électroniques ainsi que d’enregistrements de Rémi Fox encore, avec pédales d’effets :


FX_Peches


BassBar_FXNappe

« Les agents Dicy2 se focalisent cette fois sur les dimensions d’énergie et de registre, et très localement (à 2’22’’ par exemple) de hauteurs, précise Jérôme Nika. »

Comme on le constate dans ce morceau, le matériau qui sert de mémoire aux agents Dicy2 est de deux natures : soit des séquences enregistrées par Rémi lui-même au saxophone, soit de l’électronique pure, générée par l’ordinateur. À cela s’ajoutent, sur d’autres morceaux, des enregistrements historiques, et quelques autres, plus rares, réalisés par Rémi ou par Jérôme dans d’autres contextes. De toute façon du matériau non conçu dans ce but, et donc moins malléable – même si présentant d’autres avantages artistiques. Ces mémoires « endogènes » produisent de surcroît nécessairement un discours dominé par le son du saxophone.

D’où le désir bien naturel, pour leurs travaux futurs et notamment dans le cadre de l’enregistrement de leur prochain album, de collecter un matériau plus varié, à la fois étranger au duo et acoustique. Outre le travail sur l’outil lui-même, cette résidence en recherche artistique à l’Ircam permet aussi cet enrichissement de la matière dont l’outil pourra se nourrir : en parallèle de la finalisation de leur premier album, Rémi Fox et Jérôme Nika se sont donc engagés dans une nouvelle période de composition/enregistrement de nouvelles mémoires. Afin de diversifier la nature de ces données, ils ont invité des musiciens pour de vastes sessions d’enregistrement de séquences de jeu, au cours desquelles ceux-ci ont pu laisser libre cours à leur imagination.

Ce sont là autant de timbres, de fragments, de textures, d’harmonies, d’articulations et même de « narrations long terme » qui serviront aux agents Dicy2 pour produire leur discours. Guidés par Rémi pendant les sessions d’enregistrement, les musiciens ont produit une vaste palette de familles de sons acoustiques instrumentaux – dont l’esthétique se trouvera nécessairement reflétée dans le discours généré par la machine.

Et c’est avec ce matériau que le duo « C’est pour ça » concocte ses prochains concerts et albums…