Depuis sa création en 1977, l’Ircam a pour mission fondamentale de susciter une interaction féconde entre recherche scientifique, développement technologique et création musicale contemporaine. Cette articulation constitue le principal axe structurant de l’ensemble de ses activités. L’un des enjeux majeurs est de contribuer, par les apports des sciences et techniques, au renouvellement de l’expression musicale.…
L'Ircam est un centre de recherche internationalement reconnu dont l'activité est consacrée à la création de nouvelles technologies pour la musique et le son. L'institut offre un environnement expérimental unique permettant aux artistes d'enrichir leur expérience sonore via les concepts développés et exprimés grâce aux nouvelles technologies.
Au service des missions de recherche et de création de l’Ircam, la transmission cherche à éclairer le sens actuel et en devenir des interactions entre arts, sciences et technologie, mais aussi à partager ses modèles de connaissance, ses savoir-faire et ses innovations vers un public le plus large possible.
Au cœur d’enjeux sociétaux et économiques croisant culture et technologies de l’information, les recherches accueillies à l’Ircam se présentent dans le paysage international de la recherche comme pôle de référence interdisciplinaire autour des sciences et technologies du son et de la musique et s’exposent en permanence aux nouveaux be…
Depuis sa création en 1977, l’Ircam a pour mission fondamentale de susciter une interaction féconde entre recherche scientifique, développement technologique et création musicale contemporaine. Cette articulation constitue le principal axe structurant de l’ensemble de ses activités. L’un des enjeux majeurs est de contribuer, par les apports des sciences et techniques, au renouvellement de l’expression musicale.…
L'Ircam est un centre de recherche internationalement reconnu dont l'activité est consacrée à la création de nouvelles technologies pour la musique et le son. L'institut offre un environnement expérimental unique permettant aux artistes d'enrichir leur expérience sonore via les concepts développés et exprimés grâce aux nouvelles technologies.
Au service des missions de recherche et de création de l’Ircam, la transmission cherche à éclairer le sens actuel et en devenir des interactions entre arts, sciences et technologie, mais aussi à partager ses modèles de connaissance, ses savoir-faire et ses innovations vers un public le plus large possible.
Au cœur d’enjeux sociétaux et économiques croisant culture et technologies de l’information, les recherches accueillies à l’Ircam se présentent dans le paysage international de la recherche comme pôle de référence interdisciplinaire autour des sciences et technologies du son et de la musique et s’exposent en permanence aux nouveaux be…
À la demande de Marcel Landowski, Michel Decoust s’occupe de la création de l’orchestre des Pays de la Loire entre 1967 et 1970 et rejoint ensuite la Maison de la culture de Rennes, puis celle de Nevers avant de fonder, avec Irène Jarsky et Martin Joste, le conservatoire de Pantin en 1972. À la demande de Pierre Boulez, il rejoint en 1975 l’équipe en charge de la préfiguration de l’Ircam en tant que responsable du département Pédagogie, fonction qu’il quittera en 1979 pour intégrer la Direction de la musique au sein du ministère de la Culture.
Michel Decoust est la première personne interviewée dans le cadre du projet RAMHO. Ce premier entretien conduit par Vincent Tiffon le 25 février 2019 au domicile du compositeur à Buzet-sur-Tarn a été complété par un second entretien que Vincent Vincent et moi-même avons conduit à l'Ircam, le 22 novembre 2021.
Je venais d’avoir mon prix d’harmonie et j’allais entrer en composition au conservatoire de Paris. C’était en octobre 1960. Nous étions tous amis : Jean-Claude Éloy, Paul Méfano, Claude Lefebvre… il y avait encore quelques personnes d’autres dont je ne me souviens plus les noms mais ils me pardonneront. J’étais assez lié avec Jean-Claude Éloy. Nous étions en classe de fugue ensemble chez Madame Desportes, parce que je continuais à suivre mes classes d’écriture. On a appris que Pierre Boulez faisait un cours à Bâle pour les compositeurs. On s’est inscrit. Les cours avaient lieu toutes les trois semaines et étaient répartis sur l’année scolaire. […] On se mettait autour du piano et Pierre regardait les partitions ; il les classait en fonction des gens qui étaient le plus près de sa technique. Éloy arrive évidemment en premier et moi j’arrive en dernier ! […] Quand il a vu les mélodies, il a un peu tiqué. Après, il nous a fait passer une épreuve d’audition, c’est-à-dire écouter des accords, trouver les sons, et cætera. Vous savez que Pierre a son oreille. Et là, je dois dire que Jean-Claude et moi, nous avons largement dépassé ses attentes. Je le dis en toute gentillesse mais je l’entends encore dire : « Oh les deux petits français là ! » Pierre était très attentif à l’audition, à ce que l’on pouvait percevoir.
Oui. Je reviens à Bâle en 1965. C’était un cours d’été de trois semaines. C’était le premier cours de direction d’orchestre que faisait Pierre. Il y avait trois catégories : une pour ceux qui avaient une activité de chef d’orchestre, une pour ceux qui avaient leur prix de direction dans quelque école que ce soit, et une pour les compositeurs voulant diriger. J’avais eu mon prix de direction d’orchestre à Paris en 1962 mais je m’étais inscrit en tant que compositeur qui voulait diriger. Pierre Boulez était toujours très organisé : ceux qui étaient professionnels et qui avaient une activité de chef d’orchestre étaient au premier rang ; au deuxième rang, il y avait les diplômés en direction d’orchestre ; et au troisième rang les autres, les compositeurs qui voulaient diriger. […] C’était un régime d’enfer. Le matin, trois heures de musique de chambre, de neuf heures à midi ; l’après-midi, première répétition avec l’orchestre ; le soir, deuxième répétition. Et avant, il fallait avoir fait l’analyse de l’œuvre que vous alliez diriger.
Ah ! Il y avait Jean-Claude Casadesus aussi et [Michel] Tabachnik évidemment : tout le monde passait à la direction. Moi, j’ai eu une partie du Marteau sans maître. Je me souviens qu’il me boostait comme ça et ça marchait assez bien, parce que j’avais quand même acquis un certain nombre de choses, et puis je faisais un peu de musique contemporaine. Diego [Masson] me dit : « Tu as entendu ce qu’il a dit ? ». Je lui répond : « Non, qu’est-ce qu’il a dit ? » – je n’avais pas fait attention. Il fallait que je vienne le lendemain avec le concerto de Berg. Je commence à me replonger dans ce concerto que j’adore. Je l’adorais alors plus que ce je l’adore aujourd’hui – c’est méchant ce que je dis mais il y a quelque chose qui me gêne au niveau de la forme, plus que du langage. Pour le concert final, Pierre [Boulez] dit : « Decoust fera le premier mouvement du Concerto pour la mémoire d’un ange et c’est moi qui dirigerai le deuxième mouvement. » J’étais liquéfié ! Je dois dire que Pierre a été d’une gentillesse, d’une affection… Dans la loge, il voyait bien que j’étais mort de trac. Je n’avais répété qu’une fois avec le violoniste et c’était très difficile ; il n’était pas facile à maîtriser. Et je me souviens qu’il m’a dit : « Mettez-vous là et restez au calme. Ne vous inquiétez pas, tout va marcher. »
Pierre Boulez dirigeant à Bâle, 1969 © Esther Pfirter/Orkuss
Et donc, un matin [en décembre 1974], je reçois un coup de téléphone : « Pierre Boulez voudrait vous rencontrer. Il est là [à Paris]. » Il était directeur musical à New-York ; quand il arrivait c’était donc [sifflement] à tout berzingue. « Oui ? Quand ? – Dimanche, à 17 h – Bon, OK ». J’habitais à Saint-Denis et ça se passait dans les bureaux administratifs boulevard Sébastopol. Il m’a demandé trois choses. Il m’a dit : « Bon, voilà, Michel, je ne connais plus la vie musicale française, je sais que vous, oui. Est-ce que vous pouvez m’aider à y voir plus clair dans tout cela car je suis un peu paumé ? » Enfin, ce ne sont pas ses termes mais il m’explique que Nicholas Snowman et Brigitte Marger – qui était prof d’Anglais à l’origine – revenaient d’Angleterre… « J’ai besoin de quelqu’un qui puisse m’aider à naviguer à travers tout ça. – Bien sûr, il n’y a aucun problème. » La deuxième chose qu’il me demande : « Si vous acceptez cela, est-ce que vous pourriez être mon ministre plénipotentiaire auprès d’un certain nombre d’institutions que vous connaissez bien ? – Oui, bien sûr Pierre. »
C’est indiscutable : le commis de l’État qui pouvait lui servir. Et puis il me dit : « Voilà, vu ce que vous avez fait, j’ai l’intention de vous confier la chose la plus importante : la pédagogie. » Les bras m’en sont tombés.
Je le pense et j’ai bien senti que ce rendez-vous, c’était surtout pour me solliciter pour la pédagogie. J’ai dû bafouiller parce que j’étais très, très surpris de cette confiance qu’il m’accordait. Je me souviens avoir dit : « Mais vous savez… la musique électronique – comme on disait à ce moment-là… » Il me coupe : « Mais ça n’est pas le problème. C’est une conception qu’il faut avoir. » […] L’entretien a dû durer une vingtaine de minutes parce qu’il était entre deux avions. C’était en décembre, et dès janvier ou février [1975], j’ai été associé aux réunions. Il me présentait en disant que j’étais responsable de la pédagogie »
Il y avait des choses autour desquelles on s’entendait très bien lorsque j’ai travaillé pendant quatre ans et demi à ses côtés au début de l’Ircam. Je n’étais pas toujours en accord avec mes confrères des autres départements mais j’aimais bien l’esprit rationnel de Pierre… le fait de dire : « Mais ça nous bride ! » Et moi je disais : « Non ! Ça ne nous bride pas ! On resserre juste l’objectif pour être un peu plus précis sur ce qu’on va faire. » Sa manière de fonctionner était aux antipodes de celle de [Giuseppe] di Giugno, qui trouvait tout par instinct, qui « bidouillait » avec génie !
Par François-Xavier Féron, chercheur CNRS de l’équipe Analyse des pratiques musicales du laboratoire STMS (Ircam, Sorbonne université, CNRS, ministère de la Culture).
Citation : Michel Decoust – Entretiens avec Vincent Tiffon et François-Xavier Féron, 25 février 2019 / 22 novembre 2021, projet RAMHO (Recherche et acoustique musicales en France : une histoire orale), STMS – Ircam, inédit.