La résidence artistique d’Aaron Einbond s’intéresse à la cohabitation entre sons instrumentaux et sons de synthèse dans un espace de diffusion.
Le jeu d’un instrumentiste sur scène est capté et analysé en temps réel : différents descripteurs audio (timbraux) sont calculés et exploités pour produire l’électronique par synthèse concaténative par corpus (réalisée par CataRT-MuBu). Se pose alors la question de la diffusion des échantillons (grains) du corpus. Nous exploitons pour cela un réseau compact de haut-parleurs IKO, qui permet de simuler des diagrammes de rayonnement (décrits par leur représentation en harmoniques sphériques d’ordre 3). Les motifs de rayonnement ici utilisés sont sélectionnés au sein d’une base de données de directivité d’instruments acoustiques (historiques et modernes) mesurée et mise à disposition par TU Berlin: les descripteurs audio (provenant du jeu de l’instrumentiste) servent à sélectionner un (ou plusieurs) instruments dans la base de données TU, afin d’appliquer leur diagramme de directivité aux grains. L’idée sous-jacente n’est pas de reproduire fidèlement la radiation spatiale d’instruments, mais d’insuffler aux sons de synthèse une spatialité « naturelle, plausible », afin que l’électronique fusionne harmonieusement avec des instruments acoustiques présents sur scène.
En outre, nous avons organisé la base de données de diagrammes de rayonnement, en analysant les ressemblances/dissemblances des motifs spatiaux à l’aide d’un opérateur de corrélation sphérique. Il est ainsi possible de ‘naviguer’ de façon cohérente dans l’espace des directivités, et d’interpoler entre les rayonnements de plusieurs instruments. Ainsi, différentes stratégies créatives ont été implémentées pour générer des rayonnements 3D dynamiques, et produire une polyphonie spatiale.
Équipe Ircam : Espaces acoustiques et cognitifs
Improvisation dans l'espace des directivités