Ondes Martenot
Une trentaine d’années après l’arrêt de leur production, les Ondes Martenot, présentées au public en 1928, sont encore jouées par de prestigieux interprètes et leur répertoire continue de s’élargir aussi bien dans le contexte de la musique savante que populaire. Les premières versions de l’instrument sont, pour la plupart, conservées dans les musées, dont les positionnements déontologiques et les contraintes techniques de la conservation-restauration interdisent aujourd’hui d’espérer faire aisément entendre leur son. Afin de conserver ces instruments historiques et de répondre à la demande des compositeurs et musiciens, ce projet vise à élaborer des fac-similés reproduisant au mieux les caractéristiques de chaque instrument, unique, à l’aide des technologies actuelles.
Un projet antérieur au sein de l’équipe S3AM a mené à la reproduction numérique d’un circuit électronique d’époque (oscillateur hétérodyne, mélangeur et amplificateurs), embarqué dans un processeur numérique temps réel et connecté à une interface de contrôle utilisateur : clavier MIDI et capteur de position résistif en ruban pour la hauteur, touche de contrôle de la pression de la main (Touché, Expressive E) pour le niveau sonore.
Le projet actuel, en collaboration avec l’équipe Conservation Recherche du Musée de la musique, Paris, et financé par l’institut Collegium Musicae de l’Alliance Sorbonne-Université, se concentre désormais sur les « diffuseurs » de l’Onde Martenot, transducteurs conçus par Maurice Martenot pour convertir le signal électrique en onde sonore.
Dans un premier temps, une étude musicologique a permis d’étudier les diffuseurs d’Ondes Martenot conservés au Musée de la musique et de formuler des hypothèses sur leur ordre d’apparition, à partir de leur documentation et des archives disponibles.
La seconde partie du projet en cours, consiste à mesurer certaines caractéristiques électro-mécano-acoustiques sur un diffuseur de type A-B datant de 1937 : impédance d’entrée et directivité dans les limites du domaine linéaire, ainsi que les produits de distorsion. Leur analyse comparée avec celles d’autres haut-parleurs d’époque et actuels visent à proposer de nouvelles hypothèses sur les choix de facture de Maurice Martenot.
Un modèle mathématique sera ensuite établi et informé par ces mesures. Son rayonnement sera simulé et comparé à celui du diffuseur A-B original. La dernière partie du projet vise à élaborer un fac-similé du diffuseur A-B permettant à un interprète de recréer le son sans utiliser les diffuseurs d’époque devenus fragiles. Cette dernière étape vise à reproduire le rayonnement du diffuseur A-B original avec un haut-parleur actuel, en modifiant la vibration de sa membrane par contrôle actif.
Équipe Ircam : Systèmes et signaux sonores : audio/acoustique, instruments