Ce projet de recherche prolonge sur un nouveau terrain certaines des questions abordées lors du projet ANR « Improvisation musicale et action collective». L’idée est maintenant de s’intéresser plus spécifiquement aux formes de coordination musicale qui ne se ramènent pas à une simple synchronisation, ou, pour le dire autrement, à tout le champ de la coordination temporelle qui s’étend au-delà de la synchronisation. Dans un grand nombre de pratiques, les musiciens manifestent en effet des comportements temporellement flexibles, qu’il s’agisse d’une flexibilité « verticale » (maintenir des comportements qui sont, au moins dans une certaine mesure, temporellement indépendants les uns des autres) ou d’une flexibilité «horizontale» (rompre les schémas de synchronisation précédemment établis afin de modifier le tempo commun). Ce faisant, ce projet se propose de résoudre en partie la tension qu’il peut y avoir entre, d’un côté, les sciences cognitives de l’action conjointe – qui ont souvent utilisé la musique comme paradigme expérimental mais en l’envisageant systématiquement sous l’angle de la synchronisation – et, de l’autre, la musicologie empirique de la performance musicale – qui, si elle s’est largement penchée sur les multiples formes de flexibilité tem- porelle (rubato, swing, groove, etc.), n’a pas encore vraiment interrogé les mécanismes qui rendent cette flexibilité possible.
En combinant études de cas (analyses, enquêtes ethnographiques) et expériences de laboratoire, il s’agit d’analyser ces mécanismes et par là même d’éclairer notre disposition à la flexibilité quand nous agissons ensemble. Ce projet se fait en collaboration avec le Social Mind and Body Group de Central European University (dirigé par Natalie Sebanz et Günther Knoblich).
Équipe Ircam : Analyse des pratiques musicales