Selim Jeon remporte avec Kiss le prix Élan 2023 et le Prix du Public
Le Prix Élan est conçu pour les jeunes compositrices et compositeurs afin d’oeuvrer à leur rayonnement et leur offrir un accompagnement professionnel sur plusieurs années. Selim Jeon verra sa création diffusée sur le site internet de France Musique et sa partition publiée aux Editions Durand-Salabert-Eschig / Universal. Cette création sera reprise dans le cadre des saisons de l’Orchestre, en tournée en Île-de-France et en régions afin de lui assurer une large diffusion. L’artiste recevra également une commande de l’Ircam et de l’Orchestre national d’Île-de-France pour l’écriture d’une nouvelle oeuvre pour instrument soliste, orchestre et électronique, qui sera créée lors de l’édition suivante.
Selim Jeon, lauréate du Prix Élan 2023 et du Prix du Public avec Kiss
Selim Jeon (née en 1994, Corée du Sud), se forme à la composition avec Gerald Eckert, Yoonjin Kim et Youngmi Cho à l’Université de Chung-Ang à Séoul où elle a bénéficié d’une bourse d’excellence, puis au Conservatoire à rayonnement régional de Paris auprès de Anthony Girard et Suzanne Giraud, avant d’intégrer la classe de Martin Matalon au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. Elle est sélectionnée pour suivre de nombreuses master classes prestigieuses, dont l’Académie de jeunes compositrices de l’Orchestre de chambre de Paris, à l’issue de laquelle sa pièce Force IV – Déterritorialisation a été créée en avril 2023 au Théâtre du Châtelet sous la baguette de Rebecca Tong.
« Ma pièce Kiss s'inspire de la notion de « Libido » de Freud, et s’appuie sur l'imagination sonore sensorielle et les mélanges de timbres. Les cinq mouvements se distinguent par leurs textures et leurs plans sonores instrumentaux. Le premier mouvement débute avec des attaques rapides, créant une continuité, perturbées par des « fenêtres ». Le deuxième mouvement se caractérise par le lyrisme et la virtuosité de la flûte. L'orchestration est particulièrement mise en valeur, et une autre utilisation des harmoniques est introduite, qui reviendra dans le quatrième mouvement. Ensuite, nous arrivons à une partie mettant en évidence les cuivres et les percussions, où la flûte adopte un autre caractère, brillant et pénétrant, en harmonie avec les cuivres. Le quatrième mouvement présente une utilisation très individuelle des instruments, en particulier à travers les harmoniques utilisées précédemment dans le deuxième mouvement, et se caractérise par une lenteur progressive qui conduit vers une obscurité. La partie finale s'éclaire à nouveau, mettant en valeur un solo de flûte. »
Le Prix de l'Orchestre revient à Andrzej Ojczenasz pour son œuvre Deux essences
Andrzej Ojczenasz, 31 ans, Pologne étudie la composition avec Marcel Chyrzyński, et actuellement avec Anna Zawadzka-Gołosz à l’Académie de musique K. Penderecki de Cracovie. Ses oeuvres ont reçu de nombreuses récompenses, notamment le premier prix du 5e concours de composition Krzysztof Penderecki et le deuxième prix du 1er concours de composition St. Christopher (Vilnius, Lituanie). Il a reçu les bourses du ministère polonais de la culture et du patrimoine national pour ses réalisations exceptionnelles au cours des années universitaires 2021/22 et 2022/23.
« Deux Essences s'inspire d'une théorie élaborée par Kazimierz Dąbrowski, un éminent médecin, psychiatre, psychologue et philosophe polonais. Cette théorie explore le processus de développement interne de l'être humain en cinq niveaux, un sujet qui suscite en moi une profonde résonance. Kazimierz Dąbrowski réalise que traverser et affronter des moments de difficultés peut conduire à une croissance intérieure remarquable. Il a ainsi défini ce processus comme "la désintégration positive". Selon lui, l'achèvement de ce processus, qu'il nomme "l'intégration secondaire", réside finalement dans l'équilibre et l'harmonie de deux essences : l'essence personnelle et l'essence sociale. Cette théorie a constitué une source d'inspiration idéale pour composer une œuvre en cinq mouvements, mettant en scène un soliste et un orchestre. Ainsi, dans ma pièce, la flûte soliste incarne l'essence personnelle tandis que l'orchestre représente l'essence sociale. »
Le jury
Le jury était composé de la compositrice Isabel Mundry, marraine de l'édition 2023 et présidente du jury ; le directeur de l'Ircam Frank Madlener ; la conseillère artistique de l’Orchestre national d’Île-de-France Blandine Berthelot ; le chef d'orchestre Léo Margue ; la compositrice Édith Canat de Chizy ; l'alto 2nd solo à l’Orchestre national d’Île-de-France Ieva Sruogyte ; la directrice de la Maison de la Musique Contemporaine Estelle Lowry ; la productrice à France Musique Anne Montaron et la directrice artistique et de programmation chez Durand-Salabert-Eschig / Universal Elsa Vautrain.
© Centre Pompidou, photo : Hervé Véronèse
La création du prix Élan
Le Prix Élan est né l’année dernière de la collaboration entre l’Orchestre national d’Île-de-France et l’Ircam, deux structures musicales fortement engagées en faveur de la création contemporaine et d’une nouvelle génération artistique. Réunissant « Île de créations » (le concours de composition pour orchestre, créé en 2010 par l’Orchestre national d’Île-de-France) et l’académie ManiFeste, ce concours international de composition pour Orchestre offre à trois jeunes compositeurs prometteurs une plateforme exceptionnelle d’accompagnement à la création alliant le savoir-faire des deux structures dans la formation à l’écriture pour l’orchestre et pour l’électronique. Ils sont guidés dans leur travail de composition à la fois par les musiciens de l’Orchestre et par les équipes de l’Ircam, ainsi que par des artistes invités qui se joignent chaque année à l’encadrement, et ce jusqu’aux répétitions de la grande finale. C’est à cette occasion que le public et le jury découvrent les oeuvres, et qu'est décerné le Prix Élan, doté par France Musique et la Maison de la Musique Contemporaine.