Un séminaire à suivre en ligne
Sheng! L'orgue à bouche - séminaire 8 [EN LIGNE]
Le sheng (orgue à bouche) est un instrument riche d'une longue histoire qui signifie l'harmonie entre le ciel, la terre et l'être humain. Le répertoire se partage entre la tradition (dans la musique de la Cours Impériale -Gagaku) et le contemporain (créé à partir de la fin des années soixante-dix). Nous présentons ici un projet de recherche - création et diffusion (2019-2023), qui est la première recherche organologique et acoustique réunie de nombreuses institutions spécialisées du domaine dans le monde afin de créer une plateforme Open Source pour des compositeurs, musiciens et chercheurs etc. qui contiendra l'ensemble des articles, vidéos, des enregistrements des séances de recherche, concerts, et séminaires.
Nous avons réuni dans un premier temps 2019-2020 - 6 équipes de chercheurs dans les 6 axes autour l'instrument sur l'histoire, le développement de différents modèles traditionnels et rénovés, l'organologie, l'analyse acoustique, la notation, les systèmes de combinaison de doigtés et le répertoire contemporain avec la réalisation de : 10 séances de recherche, 21 meetings des équipes, 6 présentations public du projet (Chine, France, Canada), 1 masterclass, 2 présentations pédagogiques auprès des jeunes compositeurs aux conservatoires, 4 concerts et 6 séminaires à l'Ircam.
Dans un deuxième temps 2020-2021, nous nous focalisons : sur l'analyse acoustique qui sera également liée aux positions et aux choix des micros pour des prochaines créations avec/sans électronique, sur l'analyse musicale du répertoire parmi des 300 pièces établies, des répertoires des maîtres comme Mayumi Miyata et Wu Wei dans un contexte culturel, sociologique et politique. Cette dernière orientation sera effectuée à travers de nombreux entretiens réalisés par des musicologues et ethnomusicologues avec plusieurs résultats de recherche pour la publication de la Revue canadienne Circuit - Musique Contemporaine au premier trimestre 2022. Le répertoire issu de cette recherche sera revisité avec plusieurs ensembles et musicien.ne.s.
Programme du Séminaire #8
Liao Lin-Ni (TPMC/IReMus)
Quel enseignement propose Wu Wei dans son répertoire contemporain du sheng ?
Wu Wei est un musicien sans frontière. Il cherche en permanence une harmonie entre son instrument, son corps et la musique, une écoute profonde et harmonieuse entre la composition qu'il crée, son état d’esprit et ses amis musiciens. Le catalogue de Wu Wei sur le répertoire contemporain pour sheng compte aujourd’hui plus de 300 oeuvres. L'établissement du catalogue réalisé et vérifié à la suite de plusieurs entretiens avec le maître du sheng a révélé une démarche extrêmement créative et réfléchie. Comment dévoile-t-on les nombreuses facettes du maître à travers l’improvisation, l’interprétation, la composition, l’enseignement et la recherche pour lesquelles il parcourtles quatre coins du monde ?
Nous souhaiterions aborder particulièrement dans cette séance sa passion et sa compréhension de la transmission et de la création - comment Wu Wei aborde la collaboration avec des compositeurs et des ensembles de musique contemporaine (ces nombreux ensembles, académies et festivals : Nieuw Ensemble, Royaumont… ainsi que les ensembles auxquels il participa ou participe actuellement comme : Dragon Ensemble, Atlas Ensemble et AsianArt Ensemble). Toutes ces élaborations ont mené à une réelle évolution dans le développement de la diversité du répertoire pour sheng qui est aujourd’hui le répertoire de l’un des instruments asiatiques les plus élaborés internationalement et préparés minutieusement en collaboration étroite avec le maître.
Christian Utz (University of Music and Performing Arts Graz)
Contextualizing the sheng: Critique of Cultural Essentialism and Political Violence in my Works for Chinese-Western ensemble
My two works repercussion.camouflage.report (2003) for sheng/xun, flute/bass flute, trombone, percussion and live-electronics and the wasteland of minds (2003–04) for sheng/xun, zheng, clarinet in A, accordion, violin, cello and live electronics were aiming to find non-hierarchical forms of musical communication between Chinese and European instruments and musicians. A hybrid material based on gestural performance movements and playing techniques aimed beyond the idiomaticism of adapted musical material from traditional musics, a procedure I had used in earlier works for intercultural ensembles.
Moreover, both works were conceived during a period of enhanced global political conflict (9/11, Second Iraq War etc.) which is reflected in the explicit and implicit documentary and text material integrated into these pieces. A crucial function is taken by the live-electronics which in both pieces enhances the complexity of the sound situation and contributes to an entanglement of the sonic spheres. Both works were created in communication with sheng-performer Wu Wei and are indebted to his unique performance style. As a conclusion a short look at my most recent work for intercultural ensemble, walls for ensemble and electronics (2018), will show how the search for non-hierarchical sound structures has materialized here and how the role of the Chinese instruments has changed in the conception of this work.
Alexis Baskind & Wu Wei
Une forêt de tuyaux – Le sheng présenté de l’intérieur
Pour la grande majorité des productions de studio ou de concert, le sheng (comme la plupart des instruments) est habituellement présenté comme un objet sonore extérieur à l'auditeur, c'est-à-dire une source sonore, typiquement positionnée à l'avant, avec une largeur et une distance données, placée dans un espace réel ou virtuel .
La recherche empirique présentée ici consiste à proposer un renversement de perspective. Il s'agit de développer des méthodes pour placer l'auditeur métaphoriquement à l'intérieur du sheng, entouré par les tuyaux, de manière similaire à l'image de la "forêt de tuyaux" utilisée parfois pour l'orgue d'église. Cette idée, qui pour l'orgue peut être techniquement plus facile (quoique toujours complexe) à mettre en oeuvre, pose pour le sheng des difficultés non négligeables en raison de la taille de l'instrument et du rayonnement des tuyaux (pour la plupart dirigé vers l'extérieur). Il s'agit donc de rechercher des méthodes alternatives de conception du système microphonique pour surmonter cet obstacle.
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Biographies
LIAO Lin-Ni, compositrice et musicologue d’origine taiwanaise, a été l’élève de Allain Gaussin et Philippe Leroux. Elle est docteure en musicologie à la Sorbonne Université, qualifiée par le CNU à la fonction de maître de conférences en section 18 et chercheuse associée à l’Institut de Recherche en Musicologie (CNRS UMR822), auteure de trois livres et d’une dizaine articles autour de l’analyse du langage musical, de l’identité et de l’héritage culturel de la musique contemporaine en Asie, et le féminisme dans le domaine de création en Extrême-Orient. Ses deux projets de recherche et de création récents qu’elle a initiés sont autour du erhu (2012-2017) et de l’orgue à bouche (2019-2023). En tant que compositrice, sa musique est dans une recherche de fusion musicale et philosophique entre le temps et l’espace, entre la gestuelle physique et musicale, entre le visuel et l’auditif. Douée de synesthésie, Liao Lin-Ni perçoit les sons comme des lumières d’intensités différentes. Cette sensibilité l’amène à suggérer dans sa musique des jeux d’ombres et de lumières. Elle s’inspire par ailleurs de la poésie d’Emilie Dickinson, comme en témoignent notamment Poussière dans le vent pour flûte, violon, violoncelle et piano (2013) et one bird, one tree, commande de Radio France, pour erhu, accordéon et piano (2017). L'ensemble de sa musique est éditée par la Maison ONA, Paris. Liao Lin-Ni est également directrice artistique TPMC (Tout Pour la Musique Contemporaine) à Paris.
Christian Utz is professor for music theory and music analysis at the University of Music and Performing Arts Graz and associate professor for musicology at the University of Vienna. He has also been visiting professor at the National Chiao-Tung University (Taiwan) and The University of Tokyo. His monographs include Neue Musik und Interkulturalität. Von John Cage bis Tan Dun (Steiner, 2002) and Musical Composition in the Context of Globalization. New Perspectives on Music History of the 20th and 21st Century (transcript, 2014/2020). Utz has been co-editor of the Zeitschrift der Gesellschaft für Musiktheorie (ZGMTH, 2015–20), the Lexikon Neue Musik (Metzler/Bärenreiter 2016), and of Vocal Music and Contemporary Identities: Unlimited Voices in East Asia and the West (Routledge, 2013), among others. He has directed several research projects, most recently Performing, Experiencing and Theorizing Augmented Listening (PETAL, 2017–2020, funded by the Austrian Science Fund FWF). In 2017, he received the Best Paper Award of the Austrian Society for Musicology for his open access publication Multivalent Form in Gustav Mahlerʼs Lied von der Erde from the Perspective of Its Performance History (http://www.musau.org). As a composer, Utz has been invited to many important European seminars of new music, including the Stage d’informatique musicale IRCAM/Paris 1999, and has received numerous grants and awards. From 1998 to 2006 intercultural collaborations and concepts have been at the centre of Utz’ compositional activities; they are documented on his CDs Site (Composers’ Art Label 2002) and transformed (Spektral Records 2008). Utzʼs work stele (2011) after texts from the Gilgamesh epic and by Liao Yiwu was premiered by Schola Heidelberg and ensemble aisthesis and in 2018 the ensemble PHACE premiered walls at the Beijing International Composition Workshop (Central Conservatory of Music) where Utz was invited as guest professor.
Alexis Baskind est musicien, ingénieur du son et réalisateur en informatique musicale. Formé à la prise de son dans la classe de Benoît Fabre au Conservatoire à rayonnement régional d'Aubervilliers/La Courneuve (CRR 93), il suit parallèlement des études scientifiques et techniques, et entre en 1999 à l'Ircam où il mène des recherches en acoustique des salles ponctuées par un doctorat en 2003. Il collabore depuis avec de nombreux compositeurs, musiciens et structures de production, dont l'Ircam, le Cirm, l'American Composers Orchestra, la Campagnie des Musiques à Ouïr, et le Banff Centre for the Arts. Il a entre autres travaillé aux côtés des compositeurs Philippe Leroux, Beat Furrer, Hanspeter Kyburz, Héctor Parra, Pedro Amaral, François Paris, Philippe Hurel, Vladimir Tarnopolsky, Alexandros Markéas, Fabián Panisello, Turgut Erçetin, Rebecca Saunders, et du metteur en scène Jean-François Peyret, dans le cadre de créations de danse, théâtre et musique mêlant l'électroacoustique à un instrumentarium traditionnel. Il donne régulièrement des cours spécialisés en ingénierie sonore et en réalisation électroacoustique au sein de conservatoires, universités, et instituts dédiés à la création musicale.
Wu Wei, the artistry of internationally, renowned Sheng virtuoso, reaches far beyond the traditional boundaries of his more than 3000-year-old Chinese instrument and brings it well into the 21st century. The Sheng, a mouth organ, formed out of a bundle of bamboo reeds and cased in a metal bowl, sounds as the singing phoenix from a Chinese legend: silvery and fleeting as the wind. Wu Wei’s radiant and transparent tone as well as the infinite possibilities offered by his instrument in terms of melody, harmony, rhythm, polyphony have led him to collaborating with many artists and ensembles in traditional, chamber or orchestral settings, improvising in solo concerts or with jazz big Bands, playing electronic music as well as taking part to minimal, baroque music performances. Wu Wei’s desire to experiment with new sound and types of musical expression and his extraordinary capacity to create an individual world out of each performance are reflected in his collaborations with distinguished composers writing concertos for Sheng and orchestra especially for him: Huang Ruo (The color of yellow – 2007), Guus Janssen (Four Songs – 2008), Unsuk Chin (Su – 2009), Jukka Tiensuu (Teoton – 2015), Bernd Richard Deutsch (Phaenomena – 2019), Ondrej Adamek (Lost Prayer Book – 2019), Donghong Shin (Anecdote – 2019), Enjott Schneider (change – 2003 and several other concerts).
In the last decade, Wu Wei has performed with orchestras such as the Berlin Philharmonic under Kent Nagano, the Seoul Philharmonic under Myung Whun Chung, the Los Angeles Philharmonic under Gustavo Dudamel, BBC Symphony under Ilan Volkov, the Cabrillo Festival and Sao Paulo Symphony under Marin Alsop, the Royal Stockholm Philharmonic and the New York Philharmonic under Susanna Mälkki, the Netherlands Radio Philharmonic under Jaap van Zweden and Edo de Waart, Helsinki Philharmonic under Matthias Pintscher, ensembles such as the Holland Baroque, the Ensemble intercontemporain, the Atlas Ensemble and the NDR Big Band, and soloists like Guus Jansen (organ), Wang Li (Jew’s harp) or Pascal Contet (accordion).
He is regularly invited by international festivals such as the BBC Prom’s in London, Festival d’Automne à Paris, Donaueschinger Musiktage, Edinburgh International Festival, Suntory Hall Summer Festival Tokyo, Dresdner Musikfestspiele, Festival Achtbrücken Cologne, Grafenegg Festival, Lincoln Center Festival New York etc. […] As a composer, Wu Wei has received commissions from the Fondation Royaumont, Musica Viva in Munich, the Hanse Culture Foundation, the Civitella Ranieri Foundation, the Cultural Foundation of the Free State of Saxony and several other institutions. With Martin Stegner (viola) und Matthew McDonald (double bass), both members of the Berlin Philharmonic Orchestra, he founded the Wu Wei Trio which appears each season in the Chamber Music Hall of the Berlin Philharmonie. As a founder of the Berlin based Ensemble Asianart, he likes to share transcultural programs with instrumentalists from all around the world. He is an ideal partner for interdisciplinary projects involving literature, dance, theatre, architecture…. Wu Wei has recorded for Deutsche Gramophon, Sony Classical, Harmonia Mundi, Wergo, Pentatone and several of his CDs and DVDs have been distinguished by international Awards: International Classical Music Award 2015 and BBC Music Magazine Award 2015 for the Unsuk Chin concertos CD with Deutsche Gramophon, the German Critic Award in 2012 for the “AsianArt Ensemble” CD to note a few.
He also received the Best Sheng Soloist Award China in 2017, the Herald Angels Award 2011 at the International Festival Edinburgh, the Global Root German World Music Prize 2004 in Rudolstadt (Germany). Wu Wei was born in 1970 in Gaoyou (China). He studied at the Shanghai Conservatory of Music and started his career in 1993 as a Sheng soloist in China where he performed among others with the Chinese Music Orchestra Shanghaï. In 1995, he was selected by the DAAD (German Academic Exchange Service) and FNS (Friedrich Naumann Foundation) to take part in a four-year scholarship which brought him to Berlin, where he is still currently living. Since 2013, Wu Wei has been a Professor teaching the Sheng at the Shanghaï Conservatory of Music