Soutenance de thèse de Lise Hobeika
Lise Hobeika soutiendra sa thèse de doctorat réalisée au sein de l’équipe Espaces acoustiques et cognitifs (STMS - CNRS/IRCAM/UPMC), intitulée :
"Impact du contexte social sur le codage multisensoriel de l’espace autour du corps : La proxémie revisitée par les neurosciences intégratives"
Résumé
L’homme ne perçoit pas l’espace de manière homogène : le cerveau code l’espace proche du corps différemment de l’espace lointain. Cette distinction joue un rôle primordial notre comportement social : l’espace proche du corps, appelé espace péripersonnel (EPP), serait une zone de protection du corps, où la présence d’un individu est perçue comme une menace. L’EPP a été initialement décrit par la psychologie sociale et l’anthropologie, comme un facteur de la communication humaine. L’EPP a été plus tard décrit chez le singe par des études de neurophysiologie comme un espace codé par des neurones multisensoriels. Ces neurones déchargent uniquement en réponse à des évènements sensoriels situés à une distance limitée du corps du singe (qu’ils soient tactiles, visuels ou auditifs). L’ensemble de ces neurones multisensoriels code ainsi l’EPP tout autour du corps. Ce codage exclusif de l’EPP est crucial pour interagir avec le monde extérieur, car c’est dans cet espace que sont réalisées les actions visant à protéger le corps ou visant à atteindre des objets autour de soi. Le codage mutlisensoriel de l’EPP pendant des interactions sociales est à ce jour peu étudié. Dans ce travail de recherche, nous avons réalisé plusieurs études en vu d’identifier des facteurs contribuant à la perméabilité de l’EPP et ses aspects adaptatifs.
Une première étude a examiné les frontières latérales de l’EPP chez des individus seuls, en mesurant l’interaction d’une source sonore dynamique s’approchant du corps avec le temps de détection de stimulations tactiles. Cette étude a montré des différences dans la taille de l’EPP entre les deux hémi-espaces, qui seraient liées à la latéralité manuelle. Une seconde étude a exploré les modulations de l’EPP dans des contextes sociaux. Elle a montré que l’EPP est modifié lorsque des individus réalisent une tâche en collaboration. La troisième étude est une recherche méthodologique qui vise à dépasser les limitations des paradigmes comportementaux utilisés actuellement pour mesurer l’EPP. Elle propose de nouvelles pistes pour évaluer comment les stimuli approchant le corps sont intégrés en fonction de leur distance et du contexte multisensoriel dans lequel ils sont traités.
L’ensemble de ces travaux montre l’intérêt d’étudier l’intégration multisensorielle autour du corps dans l’espace 3D pour comprendre pleinement l’EPP, et les impacts potentiels de facteurs sociaux sur les processus multisensoriels de bas-niveaux. De plus, ces études soulignent l’importance pour les neurosciences sociales de développer des protocoles expérimentaux réellement sociaux, à plusieurs participants.
Jury
Ana Tajadura-Jiménez, Research Fellow at the Universidad Carlos III de Madrid, Spain, Rapporteur
Stefan Glasauer, University Professor at Ludwig-Maximilian University Munich, Germany, Rapporteur
Guenther Knoblich, University Professor at Central European University, Hungary, Examinateur
Malika Auvray, Chargée de Recherche, CNRS, France, Examinateur
Giandomenico Iannetti, University Professor at University College of London, UK, Examinateur
Isabelle Viaud-Delmon, Directrice de Recherche, CNRS, France, Directeur de thèse