Eliane Radigue : "ça a toujours été très important pour moi que la musique soit quelque chose de vivant"

Eliane Radigue
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Eliane Radigue, sacrée "papesse" de la musique électro-acoustique, reçoit Arnaud Laporte chez elle pour un entretien au long cours autour de son processus de création.

Avec

Avant l'hommage rendu à son oeuvre le dimanche 13 septembre au Centre Pompidou dans le cadre du festival ManiFeste de l'Ircam au Centre Pompidou, retour avec Eliane Radigue sur son processus de création, celui d'une artiste pionnière de la musique électro-acoustique aujourd'hui reconnue à l'internationale comme une compositrice incontournable de la musique concrète et de la musique drone.  A propos de ses premières explorations sonores, elle raconte...

J'habitais à Nice, près de l'aéroport. J'avais l'habitude de me raconter plein d'histoires avec ces sons. A l'époque, il y avait six appareils par jour. C'étaient des appareils à hélices beaucoup plus intéressants, moins agressifs que les gros vroum vroum de maintenant.

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A cette époque-là, je me considérais simplement comme un amateur passionné.  J'avais envie de faire une certaine musique, mais cette musique était encore à naître. Il y avait quelque chose en moi, j'avais toujours des trucs qui me traînaient dans la tête et les oreilles. C'était vivant, je n'ai jamais été carriériste.

Eliane Radigue naît à Paris en 1932 et se forme au piano et à la harpe tout en s'intéressant de prêt à la composition. Après avoir écouté une émission radiophonique consacrée à Pierre Schaeffer, elle rejoint son Studio d'Essai et devient l'élève de cette figure majeure de la musique concrète. 

C'est ainsi que la relation avec Pierre Schaeffer s'est établie. Il m'a invité à son studio à chaque fois que j'allais à Paris avec mes enfants. Après, c'était au moment des vacances. J'allais au studio d'essai où j'ai commencé à découper de la bande magnétique, où j'ai commencé à travailler, apprendre à apprendre de nouvelles techniques, à jouer avec le son. Mon instrument est devenu le son même à travers la bande magnétique et la manière de l'organiser, de la découper et puis toutes les manipulations que l’on pouvait faire.

Elle anime de nombreuses conférences consacrées à ce genre musical alors qu'elle réside à Nice, qu'elle quitte en 1967 pour revenir à Paris où elle développe ce qui deviendra sa méthode de travail : l'utilisation de sons continus stimulés par des variations infimes, l'exploration du feedback, du Larsen, etc...

J'ai voulu tout oublier ce que j'avais appris avant pour entendre, écouter avec une oreille neuve ce que je découvrais. Et comme nous le savons bien, la musique, c'est d'abord une question d'écoute.

Plusieurs années se succèdent, jalonnées de rencontres avec des artistes de toutes disciplines - de nombreux compositeurs minimalistes, notamment. Eliane Radigue rencontre ensuite à New-York celui qui deviendra son compagnon de travail jusqu'en 2000 :   le synthétiseur ARP 2500.

Un jour, dans une exposition, je suis tombé sur le ARP. La qualité de ces sons m'a immédiatement touché. Il avait une voix. Ça a été un coup de foudre alors je l'ai tout de suite choisi.

L'ARP 2500
L'ARP 2500

Il m'a fallu trois mois avant d'apprivoiser cet instrument, c'est à dire à commencer par éliminer tout ce que je ne voulais pas. On peut avoir des beaux sons, mais les beaux sons n'étaient pas nécessairement mon histoire. Puis, j'ai découvert une toute petite zone qui m'intéressais. C'est celle avec laquelle j'ai fait cette première pièce électronique : Chry-ptus.

Eliane Radigue se consacre aujourd'hui au travail avec des instrumentistes, comme le trio qui reprendra sa pièce OCCAM OCEAN dans le cadre du festival ManiFeste 2020 organisé au Centre Pompidou par l'IRCAM.

🎧 Pour écouter l'intégralité de l'émission cliquez sur le player en haut de page.

Son actualité : 

Sons diffusés pendant l'émission

  • Etude au chemin de fer, Pierre Schaeffer
  • Chry-ptus, Eliane Radigue
  • Adnos I, Eliane Radigue
  • Kyema, Eliane Radigue

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